Attente dans une gare
Une gare, la gare de Lille
La pollution nous entoure, on nous le répète chaque jour, il faut penser durable et raisonner pour un développement cohérent avec notre environnement. Mais dans cette foison de bonnes pratiques, de belles théories, de réalités plus tristes et de leviers économiques plus pragmatiques, il y a vous et moi.
Moi dans ma gare de Lille Flandres, un lieu qui a conservé son architecture ancienne, pour ressembler à une cathédrale industrielle, vue de l’intérieur, à une gare en briques locales de l’extérieur. Un lieu de courant d’air avec autant de passages dans tous les sens, avec des portes et des porches ouverts, des usagers et des clients qui se croisent dans un brouhaha total désorganisé, chaotique avec les habitués des trains de réseau régional, et des occasionnels touristes ou commerciaux voyageant en tgv. Le bruit est infernal, entre les arrivées et les freinages des trains, des portes métalliques en mal de graisse, les valises aux roulettes incertaines, juste avant leur dernier roulement, les cris de joie, en se retrouvant, les pleurs en se séparant. Un bruit continu et omniprésent.
Alors je rentre dans ma bulle, dans ma quête d’une extériorisation du lieu. Je balade mes yeux autour de moi, je scrute ses passagers en retard mais qui refusent de courir, les seniors qui envahissent avec trois valises le passage de dizaines d’autres passagers. Et elle est là ! Dans son manteau noir et blanc, à gros carreau, un tartan gigantesque, mais sobre car elle le porte avec deux jambes fines, enveloppées de nylon noir. Deux talons fins, quelques plis, et des petits pois noirs pour seule fantaisie. Elle a son sac à main, noir et brillant, un modèle Céline, son blackberry dans l’autre main, elle attend.
Mais surtout elle rend mon attente silencieuse, sereine et détendue. Elle est aussi dans ma bulle.
Nylonement